Ils ne le savent pas encore…

… mais ils sont déjà morts.
Haaa, Ken le Survivant, quel grand philosophe… ;)
Je me suis abstenu jusqu’ici de poster tout le mal que je pense du site lestéléchargements.com. Entre les faux commentaires, l’effacement systématique de ceux qui ne cadrent pas avec la propagande voulue et divers autres détails (180 000 euros de détails), c’est l’exemple type d’une communication totalement foirée. Certains auteurs sont pitoyables de crasse intellectuelle dans leur discours pourtant sagement préparé. D’un coté je comprends leur inquiétude, de l’autre il faut se réveiller : la technologie et Internet changent le monde. Et pas seulement pour eux. Nous sommes tous touchés. Certains arrivent à prendre la vague, d’autres iront d’écraser contre la falaise. Parce qu’ils le méritent, parce qu’ils n’ont pas de chance, parce que c’est comme ça à chaque révolution technique. Mais tenter de stopper la marrée, personne n’a jamais réussi à le faire. Il ne faut même pas essayer. Pas quand les vagues ont une chance de nettoyer une plage encrassée.

J’arrête là les métaphores marines à deux balles pour noter qu’en plus ce site est réalisé avec Dotclear. L’auteur apprécie visiblement moyennement que l’on puisse faire un site à 180 000 euros avec un logiciel gratuit, surtout vu la « cause » défendue. La suite de sa pensée ici.

Edit : piqué dans les commentaires de ce billet, un lien à consulter de toute urgence. Maître Eolas écrit décidément très bien, et sait se faire inviter. A déguster.

Mon passage préféré (très difficile de choisir tant l’événement semblait ridicule) :

Thierry Breton, que la modestie n’étouffe pas, glisse qu’il avait imaginé internet avant que ça existe puisqu’il en a parlé dans un roman en 1985, et pose aussitôt après une question montrant sa maîtrise de l’internet : au fait, y a-t-il un espace entre « LES » et « TELECHARGEMENTS.COM » ? Cela dit, à la décharge du ministre au portefeuille, les logos décorant les murs sont effectivement rédigés « LES TELECHARGEMENTS.COM » avec un espace. Bravo Publicis.

J’espère que Maître Eolas ne m’en voudra pas de recopier quelques paragraphes de plus, mais il résume parfaitement en quelques mots mes impressions. Encore bravo.

– il se dégage de cette agitation le sentiment d’assister à une réunion pour décider comment sauver l’industrie du fiacre face au danger de l’apparition de l’automobile : les acteurs actuels sont ni plus ni moins en train de refuser le progrès technologique pour défendre un schéma économique obsolète (le monopole du support) qui leur était particulièrement favorable. Le train a été raté en 2002 quand face à l’apparition des MP3, les majors ont fait fermer Napster. Deux ans de procès pour se retrouver face à Kazaa, eDonkey et aux réseaux en P2P. Des offres légales n’apparaissent qu’en 2005, pour proposer des fichiers limités, incompatibles entre eux, nécessitant impérativement un programme précis seul compatible, pour un euro le fichier, en espérant que du coup, les internautes qui depuis trois ans avaient pris l’habitude de télécharger gratuitement des formats hautement compatibles allaient se retourner vers ces nouvelles plates-formes. Ébénon. Et de deux trains de ratés.

Personne ne semble trouver étrange que la bataille pour les droits d’auteur, « héritage des Lumières et de la Révolution Française », se fait aujourd’hui à front renversé. Historiquement, puisqu’on fait appel à l’histoire, les droits d’auteur protégeaient les auteurs et les compositeurs de musique contre leurs éditeurs et contre les interprètes qui jouaient leurs morceaux et interprétaient leurs pièces sans les rémunérer autrement que par l’achat des livrets, comme un particulier (et sans participation aux recettes). Mais c’est la première fois que les droits d’auteurs sont présentés comme menacés par le public, c’est à dire ceux là même à qui l’oeuvre est destinée. Ce n’est plus contre l’intermédiaire que la loi protège mais contre le consommateur final. Plutôt que d’accourir au garde à vous au mot de licence globale, voilà une piste de réflexion intéressante pour les artistes : votre ennemi est-il vraiment le public, qui aime vos oeuvres mais n’a pas envie de payer un euro pour que vous soyez rémunéré trois centimes ? Qui vous exploite ? Celui qui télécharge une de vos chansons sur internet ou celui qui vous retient 97% du chiffre d’affaire que vous générez ? Et si elle était là la bataille pour les droits des auteurs ?

18 comments

  1. Oh, mais je ne comprend pas ?! Comment se fait-il que CafZone et les autres ne soient point encore répertoriés dans la liste "<i>L’avis des blogueurs</i>" en bas à droite du site ? :D

  2. Ah, mais ça avait l’air marrant comme tout cette soirée au Palais de Tokyo … je m’en veux d’avoir manqué cette vaste blague mais heureusement, grâce au compte rendu de Me Eolas, je me fais une assez bonne idée du cirque que ça devait être^^

  3. "Le second aligne les clichés ("merci de nous recevoir dans ce superbe palais", qui, pour ceux qui n’y sont jamais allé, ressemble à un chantier pas fini éclairé aux néons …"

    politiquement on est daccord, hein, avec maitre eolas … mais franchement tenter de mettre l’accent sur les clichés forcément présents en brandissant sans vergogne un tel exemple de rhétorique beauf, c’est se plaindre de l’humidité en se versant de l’eau sur la tête.

    j’adore le palais de tokyo. c’est tout.

  4. On donne le pouvoir a des bras casser apres on se plein :/
    L’industrie du disque c’est bien jolie , tous ses artistes et auteur qui sorte des centaines d’albums a 20 € pieces , et qui esperent se remplir les poches avec , les pauvres ils ont du mal a faire le plein de leur superbe mercedes ou de leur Porche Cayen , ses gens n’ont absolument pas de chance .
    Je compatit a leur cause , mais j’arette pasl e téléchargement pour autant .
    Pourquoi artiste sa remerait automatiquement avec célébritée et richesse ?

  5. Olivier : parce que tu penses sérieusement que les "autres" auraient les "couilles" de faire mieux ? Restons sérieux. :-/

    Dans les "industriels", pour le moment seul le boss de Yahoo se dit contre les DRM. Ce qui l’arrange commercialement, ne nous leurons pas.

  6. Sa fera un bonne argument pour la gauche au prochaine éléction non ?
    180 000 € dans le vent , pour un débat qui n’est pas stérile , mais qui est " stérilisé " par ses gens car se n’est pas a leur avantage.
    Apres on dit "L’argent ne fait pas le bonheur » , sa dépend de qui .

  7. "Pourquoi artiste sa remerait automatiquement avec célébritée et richesse ?"

    On dit rimerait, et d’une.
    De deux, toi tu ferais ton boulot gratos ?
    Faut arrêtez avec les clichés à deux balles.

    La remise en question des majors n’est pas la remise en question du salaire des auteurs. Il me semble normal que tu sois rémunéré pour ce que tu fais, que ce soit un bouquin, un disque ou parce que t’as pondu 3 lignes de code.

    La question c’est de savoir comment rémunérer de façon juste.

  8. Il y a quelque chose que je ne comprends pas très bien et que j’aimerais qu’on m’explique:
    Le chiffre de 180 000€, il sort d’où?
    Il couvre quoi exactement?
    L’installation de dotclear en php ou toute la com autour de "lestelechargements.com" (avec interview des personnalités dedans, rénumérées ou pas).

  9. Merci Arnaud pour m’avoir fait découvrir ce sympathique Maitre…..
    Y’a pô a dire, rien ne change, tout empire…. :o)
    On se refait une bouffe "Old School" un de ces 4 ?

  10. Aha Publicis… on a eu a bosser avec eux dans ma boîte, ben putain c’etait pas une partie de plaisir… C’est le souci avec les gros dans ce style, ça supporte pas la critique extérieure et c’est tout pour ta gueule, mais jamais la leur, et ça s’autorise un peu n’importe quoi.
    M’étonne meme pas le coup des 180 000 euros pour un dotclear bidouillé.

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